Pat : Ce ouikinde je suis allé à Paris, j'ai visité deux musées.

Fred : C'était bien ?

Pat : L'un oui, l'autre non.

Fred : Et j'imagine que tu crèves d'envie de ma raconter le « non » ?

Pat : Le oui, ce sont Les Nymphéas de Monet à l'Orangerie, un vrai choc, magnifiquement exposé, tu pourrais y rester des heures s'il n'y avait pas autant de chinois qui causent et circulent sans arrêt.

Fred : Les musées, y faudrait pouvoir les visiter seul, s'y introduire la nuit. Et le non ?

Pat : Le musée des arts premiers quai Branly, le pire de la muséographie à l'ancienne sauf une grande innovation !

Fred : Il y a des vidéos partout ?

Pat : Oui, mais ça c'est plutôt sympa, sauf qu'il faut bac + 5 minimum pour comprendre comment ça marche. Le grand truc c'est que l'expo est dans le noir, enfin une pénombre très sombre.

Fred : Tu rigoles, un musée dans le noir c'est pas possible.

Pat : Ben si, une invraisemblable accumulation d'objets dans des vitrines et tu les distingues à peine, tu te cognes le nez à chaque pas, un vrai labyrinthe, car les vitrines ne sont pas alignées, donc tu ne sais jamais où aller pour ne pas en rencontrer une sur ton chemin, vu que les vitres sont très propres et sans reflet, c'est l'enfer.

Fred : Mais pourquoi ça ?

Pat : J'imagine que certains objets craignent la lumière, les tissus et autres plumes ou peaux. Mais bon, eux ils auraient pu les mettre à part, il y a de toutes petites salles. Mais non, même les grandes sculptures en pierre qui ont du passé des siècles en extérieur, et ne s'en porte pas plus mal, elles sont à l'ombre.

Fred : Peut-être tu aurais du venir avec ta lampe frontale.

Pat : Oui, bonne idée, ou me faire accompagner par un chien d'aveugle.

Fred : Ou demander une visite guidée !

Pat : Aussi, surtout que tout est mélangé, tu passes d'un pays à l'autre, d'une culture à l'autre, d'un continent à l'autre sans rien comprendre. T'es devant des masques africains, tu te retournes et tu te retrouves nez à nez avec une vidéo qui montre une course de traineau sur la neige, cinq pas plus loin tu te dis bizarre ces vêtements on dirait des kimonos, et oui, c'est le Japon.

Fred : M'est avis que tu as du rater quelque chose au départ.

Pat : Quoi ?

Fred : J'sais pas, il y avais peut-être un plan ou des flèches à suivre.

Pat : J'ai aperçu les arcs mais pas les flèches. Et pour les panneaux et les cartels, écrits trop petit et pas éclairés non plus.

Fred : Si un jour j'y vais, je te raconterais.

Pat : Merci, en fait je crois que c'est un musée à voir à la télé.

Fred : Il existe peut-être une visite en DVD.

Pat : Twiiit twiiit twiiiiit !

Fred : C''est le soleil qui te tape sur la tête ?

Pat : Non, j'imite le cri du twiiit de campagne.

Fred : C'est quoi comme oiseaux ça ?

Pat : Une sale bestiole de mauvaise augure si j'en crois les médias, et pas facile à apprivoiser.

Fred : Un genre d'étourneau ? Et tu cherches à l'attirer en couinant comme un cochon d'Inde dans la cuisine d'un restaurant chinois.

Pat : On est de vieux con mon pauvre Fred.

Fred : Parle pour toi, archéoptéryx de mes deux.

Pat : Ni toi ni moi ne savons ce qu'est un twit, je ne sais même pas comment ça s'écrit ni comment ça fonctionne.

Fred : Comme un vol d'étourneaux, ça fait un nuage et tous volent dans le même sens... jusqu'à ce que l'un d'eux décide de changer de direction. C'est l'affaire d'un instant, un peu de vent et puis plus rien.

Pat : Et tout ça pour empêcher une grue royale de se trouver un perchoir !

Fred : Grue contre roteweiler, drôle de match, entre le rouge et le bleu, la plume et le poil... peut-être un jour un fabuliste s'en inspirera ?

Pat : Twiiit twiiit twiiiiit !

Pat : Ni, ni.

Fred : Et front républicain sont sur une galère. Un peu curieux ce débat, je me demande si ça se passe comme ça dans d'autres pays ?

Pat : Faire barrage au F-haine c'est une bonne chose, mais intellectuellement c'est peu défendable, surtout quand la droite veut l'appliquer au Front de gauche qu'elle qualifie d'extrême gauche.

Fred : C'est le résultat du mode d'élection uninominal à deux tours. Si le P S et l'U M P appliquait le « front républicain » cela reviendrait pour eux à se partager le parlement en deux.

Pat : Et tu réponds du même coup à ta première question. Là où il y a de la proportionnelle, ce genre d'alliance objective n'est pas possible.

Fred : En matière commerciale on appellerait ça un délit d'entente illicite.

Pat : L'U M P doit à tout prix se démarquer des socialistes car en fait ils ont presque tout en commun contrairement au discours que tiennent les Copé, Jupé...

Fred : Là tu exagères ! Il y a au moins une vraie différence en matière de partage des richesses. C'est sur la production des richesses qu'ils sont d'accord.

Pat : On verra si Hollande fait passer un peu de proportionnelle, ça permettrait de sauver des individualités. Mélanchon out, Bayrou et Royale risquent de passer à la trappe.

Fred : Ce qui ne serait pas très démocratique. Les petits soldats iraient au front et les officiers resteraient à l'arrière avec la certitude d'avoir leur fauteuil à l'Assemblée.

Pat : Il faudrait réussir à inventer une forme de démocratie directe.

Fred : Tu penses à internet ?

Pat : Faut que j'y aille, on en reparle demain.

Fred : Au Québec ça bouge, les étudiants ne lâchent pas le morceau, ils parlent maintenant de la “Révolution de l'érable”.

Pat : Et bientôt cinq mois que ça dure. Faut dire aussi que le premier ministre libéral n'a pas l'air bien finaud. Il a peut-être suivit les cours d'Alain Juppé quand il est allé enseigner au Québec ?

Fred : La loi sur la restriction du droit à manifester c'était le dernier truc à faire, là je suis d'accord avec toi. Les étudiants ont bien réagit, ils manifestent en voitures en tapant sur des casseroles, comme ça pas moyen de savoir s'ils sont plus de quarante-neuf.

Pat : Ils ont aussi fait des manifs à poil, tous tout nus, garçons et filles, et va y que je cours dans les rues. Je voudrais bien voir ça en France !

Fred : Ton côté voyeur obsédé qui ressort. Tu irais toi manifester tout nu ?

Pat : Si on est quelques centaines, pourquoi pas, perdu au milieu des autres mon bide ne se verra pas trop.

Fred : Le fond de l'histoire c'est quand même la privatisation progressive des tous les services, dont l'éducation, et ça, si le Kosar avait été réélu en France on y allait tout droit.

Pat : C'est l'hyper libéralisme, tout se paie individuellement, et si tu n'as pas les moyens et bien tant pis. Ton fils sera éboueur, ta fille femme de ménage. Ou alors tu t'endettes pour dix ans.

Fred : Ils ont raison, en fait ils se battent sur un vrai choix de société, c'est pas qu'une histoire de 1 000 $ de plus sur les frais de scolarité, c'est toute une idée de la vie en société qui est en jeu.

Pat : C'est pour ça qu'ils sont soutenus par une grande partie de la population. Si tu veux les soutenir, tu colles un carton rouge, sur ta voiture, sur ta fenêtre, sur ta vitrine, et il paraît que les cartons rouges fleurissent un peu partout, comme des coquelicots.

Fred : Ce serait drôle que la révolution humaniste nous vienne d'Amérique du Nord, même si nos cousins québécois ne sont pas forcément représentatifs de toute l'Amérique.

Pat : On pourrait organiser une manif du soutien chez nous, une journée nationale, tout le monde se fout à poil tel jour à telle heure, dans la rue ; une minute de nudité.

Fred : Faut faire passer l'info sur la fesse du bouc.

Pat : J'ai reçu mon enveloppe avec les professions de fois des candidats aux législatives, ça fait un sacré paquet.
Fred : D'après les médias ces élections n'intéressent pas grand monde, ils craignent une forte abstention.
Pat : Je peux te dire que ça intéresse au moins les candidats et les partis, rien qu'à eux tout seul...
Fred : J'ai jeté un oeil, il y en beaucoup que je ne connais pas, peut-être qu'ils n'existent que le temps des élections ? Tu en as combien ?
Pat : J'ai pas compté, je regarde les bulletins : L D I,  P R,  N C,  M D,  C F,  P S,  P R G,  M R C,  G A E C,  E É L V,  D L R,  L D D C,  M P F,  U M P,  F D G,  A É I,  F N,  S P.
Fred : Gaec tu es sûr, je croyais que c'était un truc agricole ?
Pat : Écoute, moi je lis ce qui est écrit… ça fait quand même 18 partis !
Fred : Au moins on a le choix.
Pat : Mis à part garder leur affiche pour leurs petits enfants et dire : «J'y étais», je ne vois pas bien l'intérêt ; au niveau d'une circonscription il n'y a aucune visibilité médiatique et la plupart vont faire moins de 1%.
Fred : Il y en a qui se payent des croisières ou l'édition d'un livre à compte d'auteur, pour d'autres c'est une campagne électorale.
Pat : Le fameux quart d'heure de gloire promis à chacun par Andy !
Fred : Et dans le lot il y en a qui ont peut-être de bonnes idées. Ce sont les petits ruisseaux qui font les plus grands fleuves.
Pat : Si tu le dis, mais moi, d'ici à dimanche, j'suis pas certain d'avoir eu le temps de tout lire.
Fred : Tu feras dans la démocratie sélective.
Pat : Nouveau concept intéressant, tu devrais créer un parti et te présenter aux prochaines élections.