Fred : Nous, on a eu une vie ordinaire.
Pat : Tu veux dire quoi par là ? Qu'on a pas fait ce qu'on aurait voulu, rêvé ?
Fred : Oui, quand j'entends les gens célèbres, ils ont tous rencontré untel ou machin et après... bla bla bla...
Pat : Mon père connaissait, mon oncle était, et patati et patata...
Fred : Pas que, il y a aussi les gens qui étaient là au bon moment au bon endroit, les Bee Gees ont commencé en
Australie dans l'anonymat, et puis un jour ils débarquent en Amérique, l'air du temps et pafff... pour d'autre c'est une rencontre, une
lettre.
Pat : Si tu creuses un peu c'est souvent pas que du hasard, mais c'est vrai aussi que le destin, on peut dire ce qu'on veut, c'est
comme la foudre, elle tombe là où elle tombe, et soit tu meures, soit tu deviens riche et célèbre.
Fred : Le talent plus la foudre, les gènes et la bonne étoile.
Pat : Qu'est-ce que tu veux, notre destin à nous, c'est de raconter des conneries accoudés à ce foutu zinc !
Fred : Quand même, j'sais pas, je peux pas m'empêcher de penser que...
Pat : Il y a aussi l'offre et la demande, tu arrives trop tôt ou trop tard, combien d'artistes ne se sont jamais imaginés en
révolutionnaire de leur époque, ils peignaient, écrivaient, inventaient... et ne se doutaient pas que un siècle plus tard... beaucoup sont morts trop jeune pour savoir.
Fred : Isidore Ducasse, claqué à 24 ans seul dans sa mansarde.
Pat : Par exemple, tu n'y peux rien, c'est comme de tomber frappé par une météorite, la probabilité est infime mais tous les
siècles il y en aura un qui se fera percuter.
Fred : Nous sommes peut de choses...
Pat : Sauf si tu finis centenaire, la durée est un critère déterminant, tu as plus de chance d'être reconnu avec le temps, je veux
dire de ton vivant. Je crois que c'est, j'ai perdu son nom, il disait que depuis qu'il avait atteint quarte-vingt balais il recevait des prix, était sollicité de toute part, ça l'emmerdait car sa
santé ne suivait pas, il aurait aimé pouvoir en profiter, que ça lui arrive quarante ans plus tôt.
Fred : Le fin fond du truc c'est ça, de vivre, à vingt ans tu es sûr de réussir ta vie, à quarante tu commences à te poser des
questions.
Pat : Et à regarder les autres, te dire que...
Fred : Et à soixante tu sais déjà que c'est râpé, qu'au mieux tu auras une gloire posthume.
Pat : Mais plus vraisemblablement pas de gloire du tout !
Fred : Et tu penses que tu as raté ta vie.
Pat : Alors que vivre c'est réussir sa vie, il n'y a que la mort qui soit un échec.
Fred : « Buvons encore, un dernière fois, à l'amitié, l'amour, la vie »
Pat : Une chanson, ça peut suffire à tout changer.
Fred : Alors buvons.
Pat : Chantons sous la pluie !