10 octobre 2008
5
10
/10
/octobre
/2008
10:52
On peut écrire, on peut toujours écrire, même aveugle on peut écrire, sourd aussi, et muet, il faut
avoir appris, pouvoir avoir appris, mais quand on sait on peur (lapsus dactylographique) on peut écrire, partout aussi on peut, au moins une main de libre, ou
un pied ou un nez, et un support, et une matière traçante, beaucoup écrivent avec un doigt trempé dans leur merdre (idem) merde, c’est basique et primal, le
sang il faut le faire couler, le sortir de là où il coule, la bave c’est moins lisible, le sperme, pas mal sur fond noir, la crotte de nez faut être patient, la pisse c’est éphémère mais jouissif
sur un trottoir ou contre un mur, ça demande un certain entraînement, les larmes c’est romantique mais illusoire, cryptographique, la sueur sur tissu, noir ça écrit blanc, sur blanc ça écrit
jaunasse, sur une vitre sale, une surface poussiéreuse, sur du sable, terre humide, avec un bout de craie ou de charbon, avec la queue d’une chélidoine, d’une laitue, enfin la sève des plantes,
sur l’écorce d’un arbre avec la pointe d’un Opinel (N°8 virobloc c’est bien)(Laguiole aussi, plus dangereux), avec une fourchette sur la purée, purée de ce que vous préférez, attention
au fond de l’assiette c’est insupportable, avec un bout de plastique sur une ardoise magique, avec un Bic sur une peau de bique, sous un bock sur un dessous de bock, un doigt trempé dans la
bière, avec du vin rouge sur une nappe blanche, celui de noix, le vin, est indélébile, le calame calme, la plume d’oie ou de sergent major (le sergent major est un volatile à plumes rigides,
hélas en voie de disparition, créons la ligue de protection des sergent-majors plumitifs L.P.D.S.M.P.), les végétariens ne supportent pas le vélin, ils préfèrent le papyrus ou l’écorce de
boulot, n’ont rien contre la purée (voir ci-dessus), il y a aussi cet écran. Écrire donc mais pourquoi ? Des reconnaissances de dettes, des comptes
d’apothicaires, des factures astronomiques, des listes de noms, sur des fiches, mauvais souvenirs, des avis d’expulsion ou de reconduite à la frontière, des déclarations de guerre, de rupture, de
mauvaises intentions, des lettres anonymes, cent fois copier «Je ne dois pas mettre mon doigt dans mon nez» Et dans celui de mon voisin,
je peux ? Savoir écrire c’est, joindre le geste à la pensée, c’est se faire engueuler parcecon fai des fôtes d’ortografe et des mauvaises blagues à la gramdmaire, c’est écrire n’importe quoi pour
passer le temps, c’est pouvoir se souvenir de ce qu’on va dire, c’est pouvoir laisser avec un peu de chance une pensée aux lecteurs de l’an trois mille, s’il en reste et s’ils savent encore lire,
c’est se dire que demain on pourra se (re)lire, c’est à un moment ou à un autre être lu, par soi ou par autrui, la truie qui lit, c’est pouvoir jeter une bouteille à la mer, vide c’est pas drôle,
c’est envoyer un courriel à un japonais ou un papoue pour lui dire qu’il fait beau ici aujourd’hui, enfin bon, c’est bien peu de chose tout ça et ça n'empêche rien de tourner ni de mourir, ça n’a
pas empêcher la vie de d’apparaître, d’évoluer, les civilisations de naître et de disparaître, les enfants de naître, les étoiles d’exploser, le bigue bang de faire Bang, alors peut-être est-il
plus intelligent de regarder les gens passer par la fenêtre, de regarder par la fenêtre les gens passer dans la rue et leur faire, coucou, coucou, coucou, coucou, coucou, coucou,